Des termes tels qu'anxiété, anxiété de performance, stress et stress pédagogique font partie du vocabulaire courant lorsqu'il s'agit de décrire la réalité des jeunes à l'école. Plusieurs questions persistent: assistons-nous à une aggravation de la situation, à une augmentation des problèmes, ou sommes-nous tout simplement plus sensibles aux signaux de détresse émis par nos élèves? Dans ce journal, nous explorerons brièvement ces concepts, ainsi que leurs causes et leurs conséquences.

Se doter d'un vocabulaire commun

Stress ou anxiété?

Stress

Le stress est une réaction naturelle face à des situations stressantes telles que des événements nouveaux ou inattendus. Il agit comme le « système d'alarme » de notre corps, nous préparant à affronter quelque chose d'intense, de potentiellement dangereux ou de nouveau. Les manifestations physiques du stress se dissipent une fois que la situation est maitrisée, vécue ou terminée. (Lupien, 2023)


Anxiété

Alors que le stress est une réaction à des événements réels et actuels, l'anxiété est une anticipation de situations futures qui pourraient mal se dérouler. Elle prend le contrôle des pensées et du corps, activant le « système d'alarme » du stress et déclenchant des réactions physiques inappropriées, car la situation n'est pas réelle. Les pensées liées à l'anxiété sont souvent irrationnelles et exagérées. Contrairement au stress, les manifestations physiques et psychologiques de l'anxiété persistent même en l'absence d'un élément potentiellement stressant. (Lupien, 2023)



La gestion du stress

Quels sont les éléments qui augmentent le stress?

Certains écrits décrivent les « stresseurs » comme des tracas mineurs qui sont vécus à différentes intensités. Il ne faut pas minimiser les tracas mineurs des élèves trop vite. Il est important d'être sensible à l’accumulation des différents tracas, puisqu'elle pourrait avoir un impact important sur le bien-être psychologique et physiologique des élèves.

Des exemples de « stresseurs »

Le Centre d'étude du stress humain, dirigé par Sonia Lupien, propose plusieurs ressources afin de mieux comprendre le phénomène, notamment en expliquant la recette du stress.

Quels sont les effets du stress chez les élèves?

Les stress pédagogiques peuvent avoir des conséquences significatives et souvent négatives sur la vie quotidienne des jeunes. Il est important de prendre en compte ces quelques exemples lors de nos interventions. 

le stress se ressent...

Le stress est contagieux...

Une étude de l'Université de la Colombie-Britannique affirme qu'il y a un transfert du stress vécu par l'enseignant(e) vers les élèves. L'étude menée par Oberle et Schonert-Reichl (2016) serait la première à démontrer une corrélation entre le stress professionnel du personnel enseignant et la régulation du stress physiologique chez les élèves. Il est donc important de porter une attention particulière au stress des enseignant(e)s pour le bien-être de nos élèves!

De plus, les mots choisis par les enseignant(e)s peuvent exercer une influence significative sur les élèves. Lorsqu'ils insistent sur la complexité de l'examen du MEQ, mettent en avant les défis de la transition entre les niveaux primaire/secondaire ou secondaire/collégial, ils engendrent involontairement une atmosphère stressante plutôt que d'encourager les élèves à voir ces moments comme des défis parmi d'autres. Cette dynamique s'étend également aux pratiques évaluatives en lien avec le jugement professionnel, la pondération 0 ou l'utilisation de traces: lorsqu'on affirme que « tout compte », on expose les élèves à un stress additionnel. Toutefois, ces situations peuvent être transformées en opportunités, en les présentant aux élèves comme des chances de démontrer leur niveau de compétence!

Des pistes de solution

À travers les activités éducatives, pédagogiques et évaluatives, il est essentiel de consacrer du temps à enseigner aux élèves des stratégies explicites de gestion du stress. Cet investissement de temps sera particulièrement bénéfique pour leur bien-être scolaire - et personnel!

Adopter des pratiques gagnantes pour limiter les sources de stress

En plus d'allouer du temps à l'enseignement explicite des stratégies de gestion du stress évoquées précédemment, voici d'autres mesures à intégrer dans la pratique enseignante pour favoriser un environnement d'apprentissage qui réduit les sources de stress.


FLEXIBILITÉ COGNITIVE

Pour réduire le stress chez les jeunes, il est bénéfique de travailler sur le développement de leur flexibilité cognitive, une des 6 fonctions exécutives du cerveau. Une flexibilité cognitive accrue permet une adaptation rapide aux changements de situation ou aux imprévus. Les élèves doté(e)s d'une bonne flexibilité cognitive sont mieux équipé(e)s pour agir et progresser malgré le stress. Il est important de provoquer, en classe, des situations authentiques où les jeunes pourront concrètement développer cette fonction exécutive, comme des joutes d'improvisation, des moments de divagation, des jeux de rôles, des scénarios imaginaires, des histoires inventées. Il est cependant judicieux d’apporter ces changements de manière progressive dans la routine de classe pour ne pas créer l’effet contraire!



Certaines pratiques à éviter pour réduire le stress

Tout comme le stress des enseignant(e)s, celui des parents exerce une influence significative sur les enfants. Il est donc impératif d'adopter une approche visant à atténuer les sources de stress chez les parents, en particulier en modérant les discussions sur les examens ministériels et les admissions au secondaire. Plutôt que de mettre l'accent sur la pression, le discours devrait se concentrer sur l'importance du développement de stratégies d'étude efficaces, du maintien d'une bonne hygiène de vie et du plaisir dans l'apprentissage. En exposant les élèves à une diversité de situations d'apprentissage, on encourage une gestion plus saine du stress, contribuant ainsi à leur réussite.


De plus, comme mentionné précédemment, il est nécessaire d'exposer les jeunes à des situations « stressantes » pour les aider à bien utiliser leurs outils. L'idée qu'on puisse éliminer toutes les sources de stress pour les éviter est irréaliste. Le stress est essentiel à la survie, et une surprotection qui éviterait toute forme de stress serait tout aussi préjudiciable à l'apprentissage des élèves.


Finalement, contrairement à l'idée de surprotection, penser qu'ignorer le stress le fera disparaitre est une erreur. Il est essentiel de ne pas minimiser les paroles de nos jeunes et encore moins d'ignorer et d'invalider leurs symptômes physiques ou psychologiques. L'évitement et le silence peuvent être tout aussi stressants et anxiogènes pour nos jeunes. En abordant le stress avec des termes adaptés à leur âge, nous leur fournissons des outils efficaces pour affronter plus facilement les situations inattendues et inconnues.

Pour aller plus loin ...

Détresse et progresse

Bibliographie